Biographie
Passionnée de théâtre, sensible aux langues étrangères qu’elle étudie dans un premier temps, dotée d’une voix et d’un tempérament propres à incarner les grandes héroïnes, Cécile De Boever emprunte assez naturellement les chemins de l’opéra. Sa formation au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Lyon (classe de Jacqueline Bonnardot) et à la Musikhochschule de Vienne (avec Helena Łazarska et Michael Temme) s’étoffe des conseils de Margreet Honig, Sena Jurinac, Mirella Freni et Nadine Denize. Son timbre de soprano léger sert alors les rôles mozartiens de Susanna (Les Noces de Figaro), Blondchen (L’Enlèvement au sérail), Despina (Così fan tutte), Zerlina (Don Giovanni), Serpetta (La finta giardiniera), mais aussi ceux d’Ännchen (Der Freischütz, Weber), Olympia (Les Contes d’Hoffman, Offenbach) ou Adèle (La Chauve-Souris, Strauss).
L’évolution de sa voix vers un lirico spinto lui offre ensuite d’incarner sur les grandes scènes françaises et européennes les figures plus dramatiques de Donna Anna (Don Giovanni), Woglinde (L’Or du Rhin), Agathe (Der Freischütz), Rosalinde (La Chauve-Souris), Leonore (Fidelio), Mimì (La Bohème), Liú (Turandot), Tosca (Tosca) ou encore Brünnhilde (La Walkyrie). Elle chante sous la baguette de chefs tels que Jiří Kout, Michel Plasson, Günter Neuhold, Charles Dutoit, Jacques Mercier, Michel Tabachnik, et dans des mises en scène d’Olivier Py ou David McVicar. On peut l’entendre également dans Didon et Énée de Purcell avec Le Concert d’Astrée et Emmanuelle Haïm (Virgin Classics, 2003).
Curieuse de tous les répertoires, Cécile De Boever passe aisément de l’opéra au concert, du récital à l’oratorio, et fait siennes les parties de soprano solo de La Création d’Haydn, d’Un requiem allemand de Brahms, des Carmina Burana de Carl Orff, de Mors et Vita de Gounod, des Passions de Bach ou du Requiem de Verdi. En 2014, elle fonde le Trio Alphorn en compagnie du trompettiste David Guerrier et du pianiste Nobuyoshi Shima, avec lequel elle se produit dans de nombreux concerts. Au cœur de cette polyvalence, le théâtre musical lui offre depuis quelques années de retrouver une scène plus intime et de beaux destins de femme : elle porte la création de Neuf Vies d’une femme libre de Jean-Noël Poggiali (créé en 2018, actuellement en tournée, prochaines dates en 2024), et de 2000 fois Butterfly de Pierre-Alain Four (2019-2020).
Malgré la pandémie, en 2020-2021 Cécile De Boever a créé pour l’Institut Goethe un programme lyrique et théâtral autour de grandes héroïnes allemandes avec la pianiste Marieke Hoffman et la metteuse en scène Caroline Blanpied.
Le nom de Cécile De Boever rayonne aujourd’hui sur la scène lyrique bien au-delà de son parcours de chanteuse, comme l’un de ceux à qui la pédagogie de la voix doit beaucoup : son goût de la transmission et son expérience de la scène ont nourri une réflexion sur la préparation des jeunes artistes à la carrière de chanteur, et lui inspirent en 2013 la création du Pôle lyrique d’excellence – une structure atypique dont se réclame entre autres Marie Perbost, Anthea Pichanick, Manon Gleizes, Elsa Roux Chamoux, Sandrine Buendia, Corentin Backès, Marie-Lou Jacquard, Amandine Ammirati, Camille Brault, Antoine Philippot et Laura Jarrell.
L’artiste et le pédagogue ne font qu’un : Interview
Comment votre fibre de pédagogue s’est-elle développée ?
Au fur et à mesure de ma progression de jeune chanteuse, l’enseignement s’est révélé à moi de façon évidente. J’ai rapidement mesuré l’importance que revêtait la technique dans mon champ expressif, cela m’a fait prendre conscience de la valeur de la transmission dont me faisaient profiter les grands pédagogues et chanteurs que je pouvais rencontrer. Par la force des choses, il m’est apparu tout naturel de reprendre le flambeau.
Dans quelles ressources puisez-vous pour effectuer ce passage de relais ?
L’enseignement que je dispense se rapporte toujours à l’artiste que je suis ! Je chante, j’évolue et je cherche encore, en dépit des années de métier : c’est ce qui fait ma force. En retour, transmettre à la jeune génération m’oblige à rester constamment connectée à mes émotions et sensations de la manière la plus juste et sincère possible. Cela rend également mon exigence plus réaliste.
Pédagogue et artiste, est-ce une même vocation ?
Être chanteuse et artiste fait partie de mon ADN : cette dimension est indissociable de l’enseignement que je dispense. D’ailleurs, le don sur scène à l’égard du public rejoint complètement celui du pédagogue car il se réalise au même endroit. Lorsque les jeunes chanteurs que je forme viennent m’écouter, alors mes conseils prennent tout leur sens. Et la boucle est bouclée.